La messagerie électronique est commune et pour autant critique, pour tous les métiers au sein des organisations, facilitant les flux de données entre services, tout autant que vers l’extérieur de l’organisation. Toutefois, cet outil engendre une surface d’exposition conséquente.
Elle est devenue la cible privilégiée des acteurs malveillants, comme le rapporte le rapport Verizon 2024. Dans ce rapport l’hameçonnage est décrit comme vecteur d’attaque principal dans 15% des compromissions, provoquant un préjudice moyen de 4,88M$ par incident. Ces chiffres révèlent l’urgence de déployer des mesures de protection robustes pour renforcer les messageries face à des techniques d’attaque toujours plus sophistiquées.
D’autant plus concernées, les PME sont vulnérables à plus d’un titre. Leurs dispositifs de protection limités et leur manque d’expertise en défense les positionnent comme des cibles de choix. Les attaquants ne se privent pas pour exploiter toutes les failles à leur disposition. Les conséquences malheureuses sont nombreuses, du vol de données sensibles jusqu’au déploiement de rançongiciel. Une posture de sécurité renforcée sur la messagerie devient donc indispensable pour réduire l’occurrence à et les conséquences d’une attaque d’origine cyber.
Le paysage des menaces par courriel est très dynamique
Pour connaitre le panorama des menaces visant la messagerie, il est nécessaire d’effectuer une solide veille. Tour d’horizon des principales techniques.
La manipulation psychologique et l’hameçonnage demeurent les principaux vecteurs d’attaque. Les acteurs malveillants conçoivent des messages ciblés très convaincants pour extorquer des données sensibles. Ces charges se déguisent en communications légitimes, maximisant leur taux de réussite. Leur but ultime est la compromission d’une messagerie professionnelle, via le détournement de comptes de dirigeants ou de partenaires de confiance. Les attaquants peuvent ainsi manipuler leurs cibles pour déclencher des virements frauduleux ou des générer fuites de données, causant des pertes souvent conséquentes.
Pour réussir la collecte d’identifiants, les attaquants déploient notamment de faux portails de connexion. Ils réussissent ainsi à collecter des couples identifiant/mot de passe. Ces accès dérobés permettent aux attaquants d’obtenir un point d’entrée initial, puis de se déplacer latéralement dans le réseau d’entreprise pour accéder aux ressources critiques ou préparer d’autres attaques.
Le rançongiciel est une menace prioritaire. Les attaquants intègrent des liens malveillants ou des pièces jointes piégées qui, après interaction de l’utilisateur, chiffrent les machines et déposent une demande de rançon. Le préjudice est important pour l’organisation, provoquant interruption d’activité, atteinte à l’image et pertes financières massives.
Organiser sa protection contre les menaces véhiculées par la messagerie
Une approche préventive s’impose et repose sur trois piliers : technologies avancées, politiques solides et sensibilisation des employés, créant ainsi une défense multicouche, en profondeur (1), efficace.
Ajouter des filtres anti-spam avancés
Les filtres anti-spam modernes, basés sur l’apprentissage automatique, dont l’intelligence artificielle, constituent la première ligne de défense. Ils analysent les messages entrants et bloquent les tentatives d’hameçonnage. Les protocoles d’authentification (DMARC, SPF, DKIM) vérifient la légitimité des expéditeurs et préviennent l’usurpation d’identité.
Former et sensibiliser, prendre en compte le facteur humain
Les employés étant la première ligne de défense, leur formation régulière est cruciale. Les sessions de sensibilisation et les exercices simulés leur apprennent à identifier et signaler les menaces, particulièrement les tentatives d’hameçonnage. Intégrer dans vos discours la déculpabilisation et garantissez l’anonymat en cas d’erreur, tout en responsabilisant les utilisateurs.
Effectuer régulièrement des audits de cybersécurité
Les audits réguliers des systèmes de messagerie permettent d’évaluer les mesures de sécurité, d’identifier les vulnérabilités et d’assurer la conformité aux standards. Ils sont essentiels pour maintenir des défenses efficaces.
Définir une politique de mot de passe et d’authentification multi-facteur
La sécurité des comptes repose sur des mots de passe robustes et l’authentification multifacteur (MFA). Cette dernière ajoute une couche de protection en exigeant une vérification secondaire, limitant les risques de compromission.
Utiliser des solutions de sécurité multicouches
Les solutions de protection des terminaux et de surveillance réseau protègent contre les menaces sophistiquées. Face aux attaques zero-day, les plateformes basées sur l’IA sont cruciales pour détecter les comportements suspects et développer rapidement des contre-mesures.
Mieux vaut prévenir que guérir
Les cybermenaces par e-mail évoluent constamment, forçant les organisations à s’adapter. Face aux nouvelles tactiques des attaquants, une approche préventive couplée à une culture de cybersécurité permet de protéger efficacement ce canal de communication critique. Dans ce contexte la proactivité devient incontournable. Un seul e-mail compromis peut entraîner des dommages, tant financiers que réputationnels.
Benoit Grunemwald,
Expert en cybersécurité.
(1) https://cyber.gouv.fr/publications/la-defense-en-profondeur-appliquee-aux-systemes-dinformation